Du pétrole dans les pesticides : une révolution toxicologique

Les études toxicologiques sur les pesticides se concentrent en grande partie sur l’ingrédient actif déclaré, qui ne constitue que quelques pour cent à 50 % de la formulation totale. Les formulations complètes telles qu’utilisées partout ne sont pas révélées par les industriels. Pour chaque principe actif déclaré, il existe des dizaines voire des centaines de formulations. Nous démontrons que le pétrole a toujours été et est toujours dans les pesticides. La chromatographie en phase gazeuse et la spectrométrie de masse (GC-MS) ont été appliquées pour 24 pesticides. Les composés mesurés étaient les 16 hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) prioritaires du pétrole. Ils étaient jusqu’à 8288 fois plus toxiques que les pesticides déclarés. Les niveaux et la répartition des HAP par pesticide étaient différents. Les résidus pétroliers semblent être des déchets. Le composant actif déclaré est pris seul pour les calculs de toxicité, comme la dose journalière admissible (DJA). Les HAP à 2-3 cycles sont plus représentés dans les pesticides que ceux à 4-6 cycles, ce qui souligne que les résidus pétroliers semblent provenir majoritairement de matières brutes non brûlées. La DJA doit être divisée par 1000 si l’on considère que les résidus pétroliers amplifient la toxicité par 1000, par exemple. Le mélange de HAP dans les pesticides peut être hautement cancérigène ou toxique à long terme, plus encore que la matière active déclarée elle-même. L’impact global, écologique et épigénétique des pesticides est ainsi mieux compris, car ils sont faits de pétrole depuis 1787 et surtout depuis la deuxième guerre mondiale dans les milieux agricoles, notamment avec des effets « sauterelles ». Face à ce constat, il est légitime de réévaluer la toxicologie des pesticides et d’en diminuer fortement l’usage. Une étude internationale de santé publique des aliments, ainsi que des utilisateurs professionnels et particuliers de ces produits serait pertinente, notamment dans le cadre d’une enquête médico-légale environnementale sur ce problème. Cette étude pourrait être menée conjointement par les ministères de justice et d’environnement et des parlementaires comme le font actuellement le consortium d’associations et d’ONG Secrets Toxiques (www.secretstoxiques.fr)

Citation: Jungers, G.; Portet-Koltalo, F.; Cosme, J.; Seralini, G.É. Petroleum in Pesticides: A Need to Change Regulatory Toxicology. Toxics 2022, 10, 670. https://doi.org/10.3390/ toxics10110670 (link study)